Les femmes aussi.Pas de temps ni de courage vraiment pour écrire.
Pour ce 8 mars, deux noms de femmes me viennent.
C’était fin 1969. J’avais donné à Tania Balachova le manuscrit d’une pièce de théâtre que je venais de terminer d’écrire "L’attente" et qui comptait plus d’une dizaine de personnages, constamment présents, dès la deuxième scène.
Tania m’avait dit "Prenez des élèves de mon cours et montez là". Je me souviens avoir proposé le rôle du Poète -acteur à Niels Arestrup. Je ne sais pas si Niels s’en souvient. Mais comment trouver une dizaine d’autres comédiens prêts à répéter, alors que je devais moi même trouver du travail et gagner ma vie ? Et puis je ne savais pas bien comment vivre...
Tania venait de monter Suzanna Andler au théâtre des Mathurins. Elle me dit, "Venez ce soir voir la pièce et vous mangerez avec nous".
Ce "nous" était Tania et son amie Vera Gregh, Catherine Sellers, un acteur dont il me semble qu’il s’agissait de Pierre Vaneck - mais peut -être s’agit-il d’un faux souvenir - et Marguerite Duras.
J’avais vingt ans et je n’osais pas parler. J’écoutais, intimidée et je me souviens surtout avoir été très impressionnée par les lunettes de Marguerite Duras.
Par la suite, je l’ai croisée plusieurs fois à la Cinémathèque française de Chaillot. Elle venait pour voir les films de la dernière séance, après la sortie des théâtres, quand Henri Langlois nous montrait, entre minuit et deux heures du matin, les films de Philippe Garrel, de Jean -Daniel Pollet, de Maurice Lemaître, de Jonas Mekas ...
Marguerite Duras arrivait avec toute sa bande, Michael Lonsdale, Mathieu Carrière, Delphine Seyrig... Les nuits parfois se terminaient au bistro - plutôt une brasserie d’ailleurs-, place du Trocadéro en face du Musée de l’homme. Sol carrelé, sciure au sol, tablée ouverte et animée tard dans la nuit...
On l’oublie trop, mais Marguerite Duras a été une grande cinéaste. Son œuvre cinématographique continuait son écriture. Une musique, une voix et des images. Un authentique et puissant bouleversement.
L’autre femme cinéaste que j’ai envie de saluer cette années, c’est Shirley Clarke car elle revient dans les salles ce 19 mars avec ce magnifique Portrait of Jason.