FRIEDRIECH WILHEM MURNAU
Entretien avec Eric Rohmer :
Le Musée d’Orsay avait- si je ne me trompe sur la date-, en décembre 1988, donné carte blanche à Eric Rohmer pour programmer des films de Friedrich Willhem Murnau. Animant alors une émission de radio sur Aligre, j’avais appelé Eric Rohmer pour l’interroger, sachant qu’il avait consacré un livre à "L’organisation de l’espace dans le Faust de Murnau".
L’auteur du Rayon vert , et autres magnifiques films , me répondit qu’il m’accordait 20 minutes. Comme une imbécile, j’ai coupé mon micro parvenue au terme de ce que je croyais être la fin de notre entretien. Deux heures plus tard, alors que mon bus de retour traversait le Pont de l’Alma, je vis la haute silhouette de Rohmer, son long sac en bandoulière bringuebalé sur le côté , courir à toute vitesse sur le pont pour rattraper son retard.
À la suite de l’entretien, nous avions parlé de la Cinémathèque, puis Rohmer m’avait livré son sentiment sur l’état du cinéma, et surtout fait part de son intérêt pour les nouvelles technologies et les nouveaux langages.
Lorsque j’ai vu L’Anglaise et le duc, je me suis souvenue de cela. Son usage neuf en France de l’incrustation numérique ne m’a pas surprise et si son cinéma fait la part belle au verbe, on aurait croire de seulement l’y réduire. Rohmer, dans le cadre d’une économie extrêmement mâitrisée de ses moyens, se situe pour moi dans la continuité du travail expérimental d’un Abel Gance avec le pictographe.
Contrairement au pessimisme ambiant en cours, à l’époque où je l’ai interrogé (décembre 1988), Rohmer était animé de la conviction que la créativité de l’homme est inépuisable. Son cinéma de ses débuts, jusqu’aux Amours d’Astrée et de Céladon, en est constamment imprégné. Eric Rohmer, a été un véritable expérimentateur et un créateur de formes neuves.