Vous trouverez quelques repères ci-dessous pour mieux connaître ceux qui parlent ainsi que ceux et ce dont on parle dans les entretiens à écouter sur cette page : Pol Cèbe, René Berchoud ...
Chris Marker avait rencontré Pol Cèbe et René Berchoud lors de réunions de « Peuples et culture », d’où l’invitation lancée par René Berchoud au cinéaste de venir à Besançon soutenir une grève à la Rhodiaceta.
Pol Cèbe était entré comme ouvrier à Rhodiaceta en 1959. Syndicaliste à la CGT, il était aussi militant communiste. Elu au Comité d’entreprise, il dynamisa la bibliothèque vétuste de l’usine en fit ouvrir ses portes aux ouvriers, dès 4 heures du matin, et parvint à enrichir la collection des livres jusqu’à 45 OOO volumes. Pol Cèbe a joué un rôle moteur au sein du mouvement ouvrier bisontin. Il fut aussi à l’origine de la création du Centre culturel populaire de Palente les Orchamps (CCPPO ) qu’animait son ami René Berchoud.
Voici le lien du Centre Culturel Populaire de Palente Orchamps :
http://www.culture-besancon.fr/structure/ccppo-centre-culturel-populaire-palente-orchamps
Passionné de littérature et d’histoire, René Berchoud était professeur de lettres à Besançon, militant d’éducation populaire et historien. Il croyait que l’on peut " changer la vie " par l’éducation populaire et par la culture mise à la disposition de tous. Il anima à Besançon le CCPPO et ce fut lui qui, sollicitant la venue de Chris Marker, lançait avec Pol Cèbe cette extraordinaire aventure que fut la rencontre entre ouvriers, artistes et intellectuels.
Christian Corouge ouvrier chez Peugeot-Sochaux, depuis 1969. Au début des années 1980, ce militant, communiste et syndicaliste à la CGT, rencontre le sociologue Michel Pialoux. Ils entament un long dialogue sur le travail à la chaîne, l’entraide dans les ateliers et la vie quotidienne des familles ouvrières. Cette discussion fera le cœur du livre : Résister à la chaîne : dialogue entre un ouvrier de Peugeot et un sociologue de Christian Corouge et Michel Pialoux (Ed. Agone, 2011)
Henri Traforetti ouvrier ancien responsable syndical CGT à la Rodhia devenu, par la suite, secrétaire de l’UL CGT de Besançon et militant de la culture avec le CCPPO. Né dans un milieu très populaire, l’aventure du Groupe Medvedkine lui a ouvert de nouveaux horizons. Quand il a quitté ses responsabilités syndicales, ses amis lui ont offert un coffret de peintures. Dès lors il peint régulièrement et maintenant expose. http://factuel.info/articles/henri-traforetti-sculpteur-peinture
À bientôt, j’espère est un film de Chris Marker et Mario Marret ( photographie Pierre Lhomme ), tourné en 1968. Il relate une grève dans l’usine de textiles Rhodiacéta de Besançon qui s’était déroulé en mars 1967. Les ouvriers y témoignent sur leurs conditions de travail et sur leur mode de vie. Grâce à l’aide de Chris Marker, Jean-Luc Godard et Bruno Muel, les ouvriers ont à leur disposition du matériel cinématographique.
Dans un débat qui suivit la réalisation du film, les ouvriers ne s’y reconnurent pas d’où vint l’idée de ne plus s’exprimer à leur place et de leur donner les moyens de le faire par eux mêmes... Ce qui mis en acte proclame dans le film suivant : " Le cinéma n’est pas une magie, c’est une technique et une science, une technique née d’une science et mise au service d’une volonté : la volonté qu’ont les travailleurs de se libérer". Il s’agit de Classe de lutte (1969), moyen métrageproduit par la Societe pour le Lancement des Oeuvres Nouvelles (SLON et réalisé par le Groupe Medvedkine de Besançon avec Suzanne Zedet, Georges Binetruy, Henri Traforetti, Georges Maurivard, Christian Corouge, René Ledigherer aidé de Chris Marker, René Vautier, Pierre Lhomme, Joris Ivens, Jean-Luc Godard. Il raconte la création d’une section syndicale par une ouvrière dans une usine de montres ;
Week -end à Sochaux a été tourné en 1971 par le Groupe Medvekine de Sochaux et Bruno Muel. Ce dernier tournera un peu plus tard Avec le sang des autres (1974) un film sur l’Empire Peugeot,vécu et raconté par ceux qui y travaillent. On y apprend que Peugeot, omniprésent, contrôle tout : les lieux où les ouvriers dorment, achètent, mangent, apprennent, travaillent. Le système Peugeot, c’est l’enclave.
On s’y souvient aussi que lors du grand mouvement social de 1968, il y eut des morts à l’usine Peugeot de Sochaux, le 11 juin : les CRS ont tiré et tué deux ouvriers.
Les groupes Medvedkine donnèrent d’autres films : Le traîneau-échellede Jean-Pierre Thiebaud, magnifique film-poème, Lettre à mon ami Pol Cèbe de Michel Desrois laquelle lettre proclame sur la musique free jazz d’Ornette Coleman que maintenant existe aussi le cinéma libre.
Il existe une troisième cassette où j’ai enregistré une suite à mes premiers entretiens, notamment avec la fille de Pol Cèbe. J’espère pouvoir la retrouver parmi mes cassettes d’archives -pas toujours bien classées - et pouvoir la mettre en ligne.
En cliquant sur le lien qui suit vous lirez pourquoi les amis de Chris Marker du Centre culturel populaire de Palente les Orchamps : CCPPO qualifiaient le cinéaste de « bisontin de cœur » et vous verrez, choses très rares, deux photographies du cinéaste. Celles-ci ont été prises lors de la présentation à Palente du film A bientôt j’espère.
En complément, vous pouvez consulter :
http://www.imagesdocumentaires.fr/Parole-ouvriere.html
Ce numéro de la Revue "IMAGES Documentaires" vous propose des articles de Bruno Muel : Les riches heures du groupe Medvedkine de Besançon Sochaux (1967-1974) , Des images-souvenirs par Henri Traforetti, Nous avions créé un lien par Georges Binetruy, Retour sur la condition ouvrière entretien avec Michel Pialoux...
Deux entretiens de la revue Critique communiste :
Mai-Juin 1968 à Peugeot Sochaux. Comité de grève, comités de base, Forum. Entretien avec Jean Cadet et Georges Marion : propos recueillis par Marie - Ange Debard et Dominique Mezzi dans la revue Critique communiste :
http://orta.dynalias.org/critiqueco/pdfs/186-peugeot.pd
La Rhodia. Entretien avec Georges Maurivard propos recueillis par Dominique Mezzi
http://orta.dynalias.org/critiqueco/pdfs/186-rhodiaceta.pdf
Chris Marker fut un créateur majeur, tout à la fois cinéaste, photographe, romancier, vidéaste, poète, humoriste, créateur multimédia, explorateur et globe - trotter. A la vue de l’immensité de l’oeuvre, le titre Planète Marker de l’immense rétrospective organisée au Centre Pompidou se justifie d’autant si on se souvient que Marker créa puis dirigea la collection Petite planète avec trois douzaines de titres entre 1954 et le début des années 1960 aux éditions du Seuil dans une mise en page superbe pour le texte et l’image.
J’ai voulu dès la création de mon site que Chris Marker y soit présent d’où l’ icône de l’éléphant que vous voyez ici en haut à droite. Il s’agit de l’éléphant SLON. La société coopérative Slon-Iskra fut initiée par Marker : Slon signifie Éléphant en russe et ses initiales sont reprises en français par Marker pour la création du Service de Lancement des Oeuvres Nouvelles. Iskra veut dire l’Étincelle en russe et ce nom rend hommage au journal marxiste révolutionnaire dirigé par Lénine et Plékhanov, dont le premier numéro est sorti en 1901.
Le Manifeste de lancement de SLON proclame :
" Slon est né d’une évidence : que les structures traditionnelles du cinéma, par le rôle prédominant qu’elles attribuent à l’argent, constituent en elles-mêmes une censure plus lourde que toutes les censures. D’où Slon, qui n’est pas une entreprise, mais un outil – qui se définit par ceux qui y participent concrètement – et qui se justifie par le catalogue de ses films, des films QUI NE DEVRAIENT PAS EXISTER ! "
Slon est une coopérative née pour produire des films tels que Loin du Viêt-Nam (1967) et À bientôt, j’espère (1968), deux œuvres collectives menées par Chris Marker. La première est réalisée par Agnès Varda, le hollandais Joris Ivens, Jean- Luc Godard, Alain Resnais, Claude Lelouch et l’américain William Klein en soutien à la lutte de libération nationale du peuple vietnamien contre l’impérialisme américain.
Marker en fondant SLON-ISKRA s’est placé dans la référence à la Révolution russe ce qui ne l’empêche pas, en poète et humoriste, de faire danser l’éléphant SLON dans un superbe bestiaire réalisé en 1990. De là vient l’icône intégrée dans les images d’accueil de mon site.
Slon Tango (1993) - Chris Marker par simpleappareil
Les groupes Medvedkine tiennent leur nom de celui du cinéaste russe Alexandre Medvedkine, auteur d’un film magnifique et très émouvant que Marker contribua à faire connaitre Le bonheur.
Medvedkine, ancien de la cavalerie rouge de boudienny, réalise son premier film en 1930, puis en 1932 lance le ciné-train. Un train équipé de matériel cinématographique et dont l’équipe filme, lors de ses étapes, le peuple soviétique dans ses conditions de vie, ses revendications et ses espoirs et lui montre le résultat de ce travail. L’idée est ici de renouer avec l’esprit des trains d’agit-prop qui parcouraient la Russie dans les années vingt pour véhiculer les idéaux révolutionnaires auprès de la population. C’est en hommage au nom de Medvedkine que Marker a baptisé ses groupes de réalisation collective qui virent le jour entre 1967 et 1973. Marker réalisera également un film portrait magnifique d’Alexandre Medvedkine dont les oeuvres furent souvent interdites de diffusion dans son pays, Le tombeau d’Alexandre. Au delà du portrait de Medvedkine, ce film propose aussi une réflexion sur ce que fut le stalinisme.
A noter que Jean-Luc Godard lance à la même époque, le Groupe Dziga Vertov, un collectif cinématographique se revendiquant pour la forme de la distanciation brechtienne et, pour le fond politique, du maoïsme.
Evénement Chris Marker au Centre Pompidou. Sortie du Fond de l’air est rouge que vous pouvez voir à l’Espace Saint Michel à 19:50. Espace Saint-Michel : 7 place Saint-Michel, Paris - 01 44 07 20 49
Planète Marker au centre Pompidou du 16 octobre au 22 décembre : exposition, films, vidéos, rencontres,installations http://www.centrepompidou.fr/media/imp/M5050/CPV/b2/ba/M5050-CPV-3e62825f-4112-4647-b2ba-be05535f9019.pdf-
L’article suivant est paru en 2008, lors de l’édition Arte du DVD Le Fond de l’air est rouge :
Comment parler d’un cinéaste dont l’œuvre vous accompagne depuis très longtemps ? Si ma mémoire ne me trompe pas, Lettre de Sibérie et Dimanche à Pékin de Chris Marker ont été dès 1967, parmi les premiers films que j’ai présentés au ciné -club que j’animais avec notre professeur d’anglais au Lycée Thibault de Champagne de Provins où j’étais interne.
L’ écriture de Lettre de Sibérie a certainement laissé en moi une trace profonde car je ne peux expliquer autrement le surgissement de ces mots qui ouvrent mon texte Pour un cinéma sans frontière... et que Le Monde publia dans une page Horizons-Débats. Je me suis longtemps demandé d’où ces mots m’étaient venus "Je vous écris d’un pays qui n’a pas de frontières : l’amour du cinéma. C’est un beau pays. Peu avant ma naissance, ma mère avait vu Laura, film d’Otto Preminger. Level five de Chris Marker le rappelle à votre mémoire..." Je réalisais, plus tard, que la forme de ce texte était une réminiscence de cette fameuse Lettre de Sibérie dont le commentaire saluait un poème du recueil Lointain intérieur d’Henri Michaux et où on peut lire cette phrase Je vous écris d’un pays lointain.
Ce film a marqué, sans nul doute, l’éducation de mon regard par son célèbre effet de montage à la Koulechov où Chris Marker jouait de ces variations de sens que musique et paroles donnent à l’image.
Neuf ans après 1968, Chris Marker réalisait Le Fond de l’air est rouge , film - essai sur les faits marquants de la période 1967-1977. Subjectif plutôt que didactique, le film interroge le sens politique de la décennie et se fait tout à la fois confidence, chronique et commentaire, avec l’émotion, le lyrisme ou l’humour de l’auteur.
La durée initiale de quatre heures du Fond de l’air est rouge est resserrée à trois heures, par Marker, en 1998. Le film possède une architecture qui s’appuie sur le mouvement et le rythme, confirmant que le cinéma est aussi frère de l’art musical. Leitmotiv (mains, mouvement des foules, forces de répression), scansion, répétition, silence, martèlement et variation sur un quintette de Boccherini composée par Berio donnent ici le la. Toute la composition du film se fonde sur un crescendo, où chaque image et son, associés ou en contrepoint, jouent du choc, de l’analogie, de l’alternance ou de la métaphore pour tisser une vision synthétique de la matière historique. Le cinéma de Marker agit comme la catalyse : le montage dissout toute objectivité des images au profit de leur mutation en pensée.
Le Fond de l’air est rouge compte deux parties. La première, Les Mains fragiles, retrace l’élan révolutionnaire en deux chapitres, « Du Viêt-nam à la mort du Che », « Mai 68 et tout ça ». La deuxième, Les Mains coupées , montre l’après-68 et l’anéantissement des espoirs en deux autres volets, « Du printemps de Prague au programme commun », « Du Chili à… quoi, au fait ? »
Le Fond de l’air est rouge est une formidable investigation sur le thème de la révolution, et Marker ouvre son film sur des images devenues l’emblème de celle-ci. Et d’abord la révolution de 1905, en Russie, celle du film Le Cuirassé Potemkine. Tout commence donc à Odessa. Mais le massacre du peuple sur l’escalier monumental est une géniale invention de mise en scène, une tuerie née de l’imaginaire d’Eisenstein. Cinquante ans après le tournage de Potemkine, Marker interroge une jeune guide : Elena fait visiter l’escalier d’Odessa aux touristes, en raison de l’histoire. L’Histoire, celle qui s’écrit avec majuscule, ou l’histoire ? Le réel ou la fiction, le fait historique ou le mythe ?
Quand la légende dépasse la réalité, on garde la légende. John Ford, ce faiseur de westerns, l’a montré (Le massacre de Fort Apache, L’homme qui tua Liberty Valance). L’opposition entre mythe et réalité traverse le cinéma et l’écriture de l’Histoire. Il en va de la Révolution russe de 1905 comme des Indiens massacrés par le boucher Custer : en une image mythique, la légende a supplanté le réel. C’est à partir du rapport entre ces deux derniers que Marker interroge la décennie des années 1960 et dit ce qu’il en voit. Le cinéma de Chris Marker, c’est avant tout la description d’un combat. Caméra au poing, l’artiste a traversé le globe pour dire les espoirs, les luttes et s’y engager. Ce vaste film explore les traces laissées par ces combats.
Après Cuba, puis Besançon, Marker part à Washington. Une génération se dresse contre la guerre du Viêt-nam et soutient les luttes pour les droits des Noirs et des femmes. Retour en France, à Rhodiaceta, Besançon. Des grévistes parlent de leurs conditions de vie, et l’un deux lance à la caméra ces mots qui feront le titre d’À bientôt j’espère. Prémonitoires.
La révolution n’est pas un dîner de gala , disait Mao. 1968 : le flux des résistances monte, bientôt suivi de défaites. Écrasement des guérillas, occupation de la Tchécoslovaquie, tragédie chilienne, psychodrame de la Bande des quatre en Chine. L’année 1968 finit au Mexique avec une terrible répression : 123 jours de grève générale et 300 morts. Heures sanglantes. En Amérique latine, se lève une génération de combattants qui, pour beaucoup, périront sous des régimes fascistes. Et le film, avant son épilogue, se clôt sur le Chili.
Miroir des luttes
En France, la grande déferlante ouvrière s’arrête au pied des accords de Grenelle. L’assassinat de Pierre Overney, tué par un vigile de Renault, en février 1972, signe pour Marker la fin de Mai 68. Années 1970, « gauchos et révisos » s’affrontent pour noyer la complexité des luttes ouvrières, Joint français contre Grandin, Lip contre Rateau. Pourtant, rien ne serait plus comme avant, par cela même qui a transformé les données politiques de notre temps. C’est ce processus que Marker donne à voir, en un miroir où hier révèle le présent et questionne l’avenir.
L’onde de choc de 68 fut tenace. Quarante ans après, la haine de Sarkozy à son égard le dit assez. Pour Marker, il y eut bien un « esprit en mai », où il déchiffre « comme en laboratoire le schéma des grandes contradictions du siècle ». « Le pouvoir nous rêve sans mémoire », et l’œuvre de Marker, de film en film, donne à la mémoire sa fonction vitale.
Ce cinéaste du temps mesure celui qui passe avec des outils précis. L’espace d’une jeunesse, des mots inconnus sont nés : « Boat people, Sida, thatchérisme, ayatollah, Perestroïka, territoires occupés, cohabitation et ce sigle qui remplace URSS et que d’ailleurs personne n’arrive à retenir, CEI. » Mots terribles : « Le rêve communiste a implosé. Le capitalisme a gagné une bataille, sinon la guerre. »
La sophistication des armes permet de réduire les espèces et, en 1977, on tuait déjà des loups pour en limiter la population à un chiffre acceptable.
« Une pensée consolante cependant, quinze ans après, il y avait toujours des loups. »
Pour Marker, qui aime les bêtes et a réalisé de superbes bestiaires, il y a là un espoir : la voix des militaires ne couvre pas encore tout à fait Le Temps des cerises.
Laura Laufer
• Arte édite en DVD Le Fond de l’air est rouge et un livret de textes de Marker et Régis Debray. En bonus, À bientôt j’espère (1967, grève à Rhodiaceta), La Sixième Face du Pentagone (1967, Washington, marche contre la guerre du Viêt-nam), L’Ambassade (fiction super 8, passionnante, ludique et terrifiante), 2084 (1984, Centenaire du syndicalisme), Puisqu’on vous dit que c’est possible (1973, grève de Lip).
1- Iakoust, capitale de la République socialiste soviétique de Yakoutie, est une ville moderne, où les confortables autobus mis à la disposition de la population croisent sans cesse les puissantes Zym, triomphe de l’automobile soviétique. Dans la joyeuse émulation du travail socialiste, les heureux ouvriers soviétiques, parmi lesquels nous voyons passer un pittoresque représentant des contrées boréales, s’appliquent à faire de la Yakoutie un pays où il fait bon vivre !
2- Iakoust, à la sinistre réputation, est une ville sombre, où tandis que la population s’entasse péniblement dans des autobus rouge sang, les puissants du régime affichent insolemment le luxe de leurs Zym, d’ailleurs coûteuses et inconfortables. Dans la posture des esclaves, les malheureux ouvriers soviétiques, parmi lesquels nous voyons passer un inquiétant asiate, s’appliquent à un travail bien symbolique : le nivellement par le bas !
3- A Iakoust, où les maisons modernes gagnent petit à petit sur les vieux quartiers sombres, un autobus moins bondé que ceux de Paris aux heures d’affluence, croise une Zim, excellente voiture que sa rareté réserve aux services publics. Avec courage et tenacité, et dans des conditions très dures, les ouvriers soviétiques, parmi lesquels nous voyons passer un Yakoute affligé de strabisme, s’appliquent à embellir leur ville, qui en a bien besoin.
Chris Marker fut un poète et un voyageur, un militant infatigable toujours en lutte contre l’amnésie et pour la mémoire, un chercheur et un créateur passionné par le langage et les nouvelles technologies. Le cinéaste a joué un rôle capital dans l’éveil de notre regard et de notre amour pour le cinéma. Il laisse une œuvre incontournable pour qui veut mieux connaître le monde, comprendre l’histoire, refuser la soumission aux formes dominantes de représentations et pour qui aime la beauté.
Films à voir :
La vie d’Adèle de Abdellatif Kechiche - Jimmy P de Arnaud Desplechin - Réédition : La taverne de l’Irlandais de John Ford à l’Action Christine www.actioncinemas.com
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