Laura Laufer est l'auteur du livre Jacques Tati ou le temps des loisirs, publié aux Editions de l'If.

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Ritwik GHATAK









Le Fil d’or. Suvarnarekha Inde, 1962. Réalisation : Ritwik Ghatak -

Avant de vous retrouver sur le site début juin pour saluer la rétrospective Cinéastes de notre temps au Centre Georges Pompidou avec de nouveaux extraits de mes archives sonores consacrées à André S. Labarthe, Jacques Rivette, Otto Preminger et quelques autres, j’ai tenu à faire un détour par la Cinémathèque Française pour ce qui y constitue en juin, à mes yeux, l’événement, soit le cycle de films consacré à Ritwik Ghatak.

Près de trente ans se sont écoulés quand je découvris le film L’Etoile cachée de Ritwik Ghatak, puis le Fil d’or. Choc bouleversant.
Du cinéma indien, je ne connaissais alors que les films de Satyajit Ray et de Guru Dutt.
Puis vint l’immense rétrospective d’une année de cinéma indien qui se percha haut sur le toit du Centre Pompidou de Beaubourg , alors deuxième salle de la Cinémathèque Française.
Presque chaque jour, je m’y rendis en compagnie de mes amis William - Karl Guérin, Anne Janot et l’écrivain voyageur Patrick Boman, tous bons connaisseurs de l’Inde pour y avoir vécu ou voyagé. (cf. Retour en Inde
éd. Arlea et la succulente série des enquêtes de Peabody toujours de Patrick Boman. Ed. Philippe Picquier.)

Nous discutions des films de Ritwik Ghatak de son Fil d’or ou de son Homme Automobile , de ceux de Bimal Roy, de ceux très engagés de Mrinal Sen ou encore de cinéastes plus populaires mais formidables et pour lesquels je garde une grande tendresse - oui c’est le mot qui ici convient - comme ceux de Raj Kapoor, le "Charlot" indien.

Durant des années, nous pouvions trouver pour à peine deux ou trois francs, les films de Bimal Roy ou de Raj Kapoor en K7 vidéo, puis en DVD dans le quartier de La Chapelle ou à proximité de la Gare du Nord. Ceux de Ritwik Ghatak demeuraient introuvables.
Raison de plus pour ne pas les manquer dans l’intégrale que lui consacre la Cinémathèque française du 1er au 15 juin. D’ailleurs, une œuvre aussi lyrique et ample exige d’être vue sur un grand écran.

Laura.

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Parution :
Ritwik GHATAK des films du Bengale aux Editions L’arachnéen.
http://www.editions-arachneen.fr/Ghatak.html

" Ritwik Ghatak (1925-1976) est, avec Satyajit Ray et Mrinal Sen, l’un des trois plus grands cinéastes indiens (bengalis) du vingtième siècle. Il est également considéré comme un cinéaste majeur de l’histoire du cinéma, un inventeur de formes, un poète dans l’Histoire. Ce livre est le premier qui lui soit consacré en langue française.

En 1947, Ghatak quitte le Bengale oriental, où il est né et où il a grandi, pour Calcutta. Il fait partie de ces dix millions de réfugiés (Bengale et Penjab confondus), pour qui l’indépendance de l‘Inde signifia violence, misère et exil. Son œuvre cinématographique est à raison et à tort associée à cet épisode tragique de l’histoire de l’Inde, la partition du Bengale. Il meurt trente ans plus tard, en 1976, à cinquante ans, ravagé par l’alcool et la maladie, vaincu par trente ans de lutte contre l’establishment postcolonial, contre la décadence et la corruption politique et intellectuelle de la middle class dont il est issu, et contre un monde qui dénie le génie de son peuple.

L’essentiel de son œuvre tient en huit films. Nagarik (1953) est encore empreint de la théâtralité militante de l’Indian People’s Theatre Association (organe du Parti communiste indien), dont il est un membre actif à l’époque. Ajantrik (1957), son deuxième film, est un chef d’œuvre burlesque ou “réaliste fantastique” et une fable sur la modernité. Le Fugitif (1959) est le récit de la fugue d’un enfant et de son expérience de Calcutta dans les années qui suivirent l’Indépendance. Puis vient la “trilogie de la Partition” (L’Étoile cachée, 1960, Komal gandhar, 1961, et Subarnarekha, 1962), dans laquelle il invente une forme de mélodrame critique qui vise à produire des chocs affectifs, le retour d’images rendues inaccessibles par la coupure de l’exil. En 1972 il tourne au Bengale oriental (devenu le Bangladesh), sur les lieux de son enfance, Une rivière nommée Titas, une épopée brechtienne qui met en scène l’extinction d’une communauté de pêcheurs dans les années 1930. Son dernier film, Raison, discussions et un conte (1974), est un essai sur la condition du Bengale contemporain, dans lequel il joue son propre rôle, celui d’un intellectuel marxiste à la dérive et vaincu par l’Histoire."

Édition établie et présentée par Sandra Alvarez de Toledo
Avec des textes de Ritwik Ghatak, Sibaji Bandyopadhyay, Raymond Bellour, Moinak Biswas, Serge Daney, Marianne Dautrey, Hervé Joubert-Laurencin,
Advaita Malla Barman, Kumar Shahani, Rabindranath Tagore,Charles Tesson.416 pages et 428 images Prix : 39 euros

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http://www.cinematheque.fr/fr/dans-salles/hommages-retrospectives/fiche-cycle/ritwik-ghatak,333.html.

L’Etoile cachée Ritwik Ghatak - Inde - 1960 - 126’

Calcutta, dans les années 50. Victime de la division qui secoue le pays, une famille de réfugiés tente de survivre en périphérie de la ville. Neeta, l’aînée, sacrifie son mariage pour subvenir aux besoins de sa famille. Atteinte de tuberculose, elle perd son travail. Son frère lui trouve une place dans un sanatorium.

Avec Supriya Choudhury, Anil Chattopadhyay, Gyanesh Mukhopadhyay.


L’Etoile Cachée, extrait : le mouchoir sanglant par retourayuma

Voici un extrait du dernier film de Ritwik Ghatak dans lequel il joue lui même le rôle de Nilkantha.
Raison, discussion et conte 1974. Avec : Ritwik Ghatak, Tripti Mitra, Shaonli Mitra. 2h01.

Alors que sa femme vient de le quitter, Nilkantha, un intellectuel alcoolique, rencontre un ingénieur au chômage, une jeune réfugiée du Bangladesh et un vieux professeur de sanscrit le temps d’un voyage picaresque. Le film est sorti en 1977, après la mort de Ritwik Ghatak.