La Poupée

Hans Bellmer (1902-1975), artiste français d’origine allemande, occupe une place majeure dans le mouvement surréaliste. À l’arrivée au pouvoir d’Hitler en 1933, il décide d’arrêter tout travail socialement utile pour se consacrer à la fabrication d’une poupée grandeur nature. Dispositif de rébellion contre toute autorité (politique, paternelle), La Poupée, objet fétiche, provocant et surréaliste, créature artificielle aux multiples possibilités anatomiques doit, selon Bellmer, pouvoir « rephysiologiser les vertiges de la passion jusqu’à inventer des désirs ». Par elle, Bellmer explore une anatomie de l’inconscient physique.

Outil d’une réflexion inédite sur le corps, cette provocante Poupée devient l’œuvre de référence pour la création érotique contemporaine. Troublant, poétique, violent, subversif, l’art de Bellmer se montre aussi délicat, précis et non sans humour. Il livre vulves, mamelons, pénis, membres arrachés ou gisants, bouches ouvertes, os... De la structure du corps à son intérieur, Bellmer arrache l’« impénétré ». Dans ses illustrations de Sade, Bataille (L’Histoire de l’œil, Madame Edwarda...), André Pieyre de Mandiargues (l’Anglais décrit dans le château fermé), comme dans le reste de son œuvre, l’artiste matérialise des formes vivantes d’images du désir et du fantasme. Avec 250 œuvres (sculptures, objets, photographies, peintures, dessins, carnets inédits), l’exposition de Beaubourg permet de saisir l’importance, la beauté singulière et profondément dérangeante de l’art d’Hans Bellmer.

Laura Laufer

• Hans Bellmer, Anatomie du désir (jusqu’au 22 mai, Centre Pompidou-Beaubourg).

© Laura Laufer
23/03/2006