www.cinecinema.classic présente plusieurs films de Naruse en septembre 2008.
Nuages flottants, à travers allers-retours incessants montre, dans un Japon défait, une femme s’épuiser à l’impossible reconstruction de l’amour. L’épouse du Repas, assaillie par le doute, rompt le cours du temps et ses mornes habitudes par une pause qui lui permet de reprendre à l’unisson du mari la marche de la vie. Nuages d’été travaille temps et espace en format cinémascope, pour une saga de l’éclatement familial en milieu paysan, où le moderne affronte l’ancien dans un mouvement qui va du monde rural vers le monde urbain. Moderne par la forme de ses récits, lucide sur l’archaïsme social, tel est Naruse.
Narboni, dans son essai très complet, relie l’œuvre à celle de Tchékhov, Schubert. Dans un arc-en-ciel de riches tonalités de gris, Naruse représente le quotidien monotone des petites gens, dont il donne la vérité par la très grande précision des gestes et des rapports sociaux. Les séquences de marche, leitmotiv des films, constituent le point d’orgue d’une beauté secrète, poésie de l’intime. La marche, selon le mouvement et les protagonistes, orchestre la séparation des corps ou leur union dans un cinéma où le lien entre l’homme et la femme est le sujet central. Les personnages, surtout les femmes, en quête du droit au bonheur, expriment, angoisses, doutes, douleurs, joies dans une œuvre où Narboni voit, à juste titre, Les Temps incertains.
Laura Laufer
A voire et à lire
Coffret Naruse , éd.par Wild Side Vidéo
Jean Narboni , Mikio Naruse, Les temps incertains, éd. Cahiers du cinéma
Et quelques incontournables livres sur le cinéma japonais où il est aussi question de Naruse :
Le Cinéma japonais (en 2 tomes, Tome I pour le Muet), par Tadao Sato. Collection Cinéma/Pluriel, Éd. du Centre Georges Pompidou, Paris 1997.
Le Cinéma japonais, une introduction, par Max Tessier, Col. Nathan 128, Paris, 1997
A Hundred Years of Japanese Film, par Donald Richie, Ed. Kodansha, Tokyo 2001. Avec « A selective guide to videos and DVDs in Japan
Article paru le 23/11/2006 dans Rouge